Ignatia amara – 2016-2018


« Celui qui gravit les plus hautes montagnes, celui-là se rit de toutes les tragédies qu'elles soient réelles ou jouées. » Ainsi parlait Zarathoustra (1885), Friedrich Nietzsche



C'est en décembre 1883 que Friedrich Nietzsche arrive à Nice. En mauvaise santé, le moral au plus bas, Nietzsche va retrouver l’émotion créatrice nécessaire pour écrire.

Eze, et en particulièrement le sentier qui mène de la petite gare d'Eze Bord de Mer au village, jouera un rôle prépondérant dans son œuvre.

Je n’ai, alors, pas encore lu Nietzsche, mais, sur le chemin qui porte son nom, deux années durant, j’en fait l’expérience.

Par un étrange parallèle, je me retrouve, moi aussi, affaiblie, en colère contre la violence du monde, quand je décide d’emprunter quotidiennement ce chemin dans l’espoir d’y laisser ce qui me pèse. Le poids est bien lourd encore lorsque débutent ces marches et mes chevilles s’y brisent. Mais c’est dans la persévérance et la répétition que le corps tout comme l’esprit commence à guérir. Et c’est dans la marche que je commence moi aussi à déclarer, comme Nietzsche, la guerre aux idoles, en redonnant au corps une place prépondérante, comme lui, je vais trouver dans cette nature un remède pour ne plus être jetée en dehors de ma propre réalité.



« Mais dans le désert le plus solitaire s’accomplit la deuxième transformation : ici l’esprit se change en lion, il veut conquérir la liberté et être maître dans son propre désert.

Il cherche ici son dernier maître : il veut être son ennemi comme il est l’ennemi de son dernier dieu ; il veut lutter pour la victoire avec le grand dragon.

Quel est le grand dragon que l’esprit ne veut plus appeler ni dieu ni maître ? « Tu dois », s’appelle le grand dragon. Mais l’esprit du lion dit « je veux ».»

Ainsi parlait Zarathoustra (1885), Friedrich Nietzsche



Ces photographies, issues de pellicules périmées sont tirées sur papier cibachrome, un papier en train de disparaitre du paysage photographique. Elles sont la trace de léternel retour, comme une astreinte, une religion sans dieu ni maitre, où peu à peu l’artiste assoit sa position créatrice vis à vis du réel, et la femme se réconcilie avec le devenir et le chaos qui constituent parfois la réalité.

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